miércoles, 10 de abril de 2013

Mario Capasso, L’immeuble. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon, La dernière goutte, 2012

Voilà un immeuble composé, apparemment comme les autres, d’escaliers, de couloirs, de bureaux, de toilettes, un immeuble sur lequel règnent une direction (Super), une trésorerie, où se dénouent et se dénouent à l’envi des histoires d’amitié, d’amour, voire de sexe, mais aussi d’inimitié, de rivalité, voire de meurtre.
Comme les autres ? L’auteur a vite fait de déstabiliser le lecteur en montrant d’emblée, et de plus en plus cruellement, combien l’immeuble est lui-même instable et, disons, plus meuble qu’immeuble… Tout y bouge, tout s’y bouscule, tout y devient être vivant aux réactions imprévisibles. Et si l’on s’y perd, on peut toujours faire appel au « Bureau central des informations impétueuses », ou accrocher son regard aux pancartes du type « On rase gratis, se présenter à la Trésorerie à toute heure tant qu’il n’est pas trop tard ». Cela n’empêche pas les couloirs de changer de dimensions selon les besoins, ou la « zone d’influence » du narrateur de le suivre partout où il va…
Comme les autres ? Oui, sans doute, si l’on considère que la vie menée par les occupants de ce bâtiment fantasmé est une déformation systématique, poussée à la saturation, à l’excès et à l’absurde, de celle que chacun d’entre nous mène quotidiennement. Il y a dans cet « immeuble » du Courteline, du Marcel Aymé, du Kafka, du Beckett… Ce pourrait être désespérant ; ça ne l’est pas complètement, parce que c’est aussi drôle ; et, comme les paliers des escaliers, on trouve dans le foisonnement descriptif du roman, parfois, « de vastes plages de repos ». Désespérer, rire, méditer : Mario Capasso nous donne généreusement toutes les possibilités.




He aquí un edificio que en apariencia dispone como otros, de escaleras, pasillos, escritorios, toilettes, un edificio sobre el cual reinan una dirección (Super), una tesorería, donde se desatan, se desenredan, historias de amistad, de amor, mismo de sexo, pero también de enemistad, de rivalidad, hasta de muerte.

¿Como los otros? El autor desestabiliza rápido al lector, mostrando de golpe y de más en más, cruelmente, cuán inestable es el edificio, digamos que es más mueble que inmueble...  Ahí, todo se mueve, todo se atropella, todo deviene ser vivo, dispuesto a reacciones imprevisibles. Y si uno se pierde allí, uno siempre puede apelar a la “Oficina central de informaciones rápidas” o “enganchar” la mirada en pancartas del tipo “Se rasura gratis”, presentarse en la tesorería, a toda hora, si no es demasiado tarde“.  Eso no impide a los pasillos de cambiar de dimensiones según los deseos o la “zona de influencia” del narrador, de seguirlo por donde él va...

¿Como los otros? Sí, sin dudas, si uno considera que la vida llevada por los ocupantes de ese edificio fantasma es una deformación sistemática, impulsada a la saturación, al exceso y al absurdo de la que cada uno  de nosotros lleva cotidianamente. Hay en ese edificio cosas de Courteline, de Marcel Aymé, de Kafka, de
Beekett... Eso podría ser desesperante; eso no lo es totalmente, porque es también gracioso; y, como en los descansos de las escaleras, uno encuentra en la abundancia descriptiva de la novela, a veces, “vastas playas de reposo”. Desesperar, reír, meditar: Mario Capasso nos da generosamente todas las posibilidades

Agradezco la traducción de Ana María Linero